18h : Port de Alat à 70km au sud de Bakou. Contrôle des passeport, tampon de sortie du territoire de la République d'Azerbaijan
18h30 : « Bienvenue à bord du Qarabağ !», un gars chemise ouverte s'avance vers nous et prend nos passeports. Nous rangeons nos vélos à côté des wagons déjà embarqués.
19h : Bonne nouvelle, nous avons une cabine et un lit chacun. Selon les infos de d'autres voyageurs ce n'est pas la cas avec toutes les compagnies de cargo, c'est un peu la loterie. Nous partageons la cabine avec John et Ginevra les cyclistes anglais avec qui nous avons pédalé de Seki à Bakou. Pour avoir une cabine séparée avec douche privée nous comprenons que l'officier veut des dollars...pour sa poche ! On nous avait prévenu, à bord chacun essaye d'arrondir ces fins de mois comme il peut.
21h : Nous sortons nos tupéroires avec notre dîner (selon nos sources les repas et l'eau potable de sont pas toujours fournis pendant la traversée). Marco a acheté de la nourriture en quantité avant de partir, au cas où. Un des membres de l'équipage nous informe :
«Des repas sont servis trois fois par jour pour tous, vous n'avez pas besoin de payer en plus.»
Marco : « Très bien, et à quel heure est le service ? »
Matelot : « On vient juste de terminer de dîner.
Marco : « Ah et vous ne pouviez pas nous le dire ? »
Matelot : « C'est votre problème »
Marco, spontanément et en rigolant : « f*** y** »
21h05 : Le gars s'énerve, les autres matelots choqués font signe à Marco que cela ne se dit pas.... Je signale à Marco que même si c'était pour rigoler et que le gars n'est pas très sympa, ce n'est pas bien malin...on doit encore passer plusieurs heures peut-être journées sur ce bateau alors autant que ça se passe bien et qu'il ne se fasse pas jeter par-dessus bord en chemin.
21h08 : On nous sert de l'eau pétillante comme pour s'excuser de ne pas nous avoir prévenu que le repas était servi et le capitaine nous montre la salle à manger et nous indique les horaires des repas pour les jours suivants.
21h15 : Les hommes se sont calmés...alalala c'est pas le peine de s'énerver comme ça pour une histoire de bouffe !
22h20 : Je vais me coucher, on est toujours au port... c'était bien la peine qu'ils nous stressent en parlant d'un départ prévu vers 19h...
16 juillet 2015
7h30 : Réveil, nous sommes en mer, nous apercevons la cote au loin, une ville... tiens on dirait Bakou avec ces trois Flame Towers... Un matelot nous informe : le bateau s'est arrêté à l'abri de la baie de Bakou car le vent est trop fort et la mer trop agitée pour prendre la direction d'Aktau.
8h : La femme qui sert le petit-déjeuner, Fatima, nous montre 10 manat que les chauffeurs géorgiens lui ont donné, elle nous fait signe de faire de même... on nous a bien dit que tout était inclus.... bien essayé madame ! (Nous lui céderons tout de même nos manat restant en sortant du bateau.)
9h : Je lis Désert de Le Clézio que Thomas un cyclovoyageur français m'a donné en échange du Chien de Mao que je ne trouvais pas bien futé d'avoir dans mes bagages à l'approche de la Chine. Thomas fait le chemin dans l'autre sens (parti de Chine, il rentre en France), nous l'avons rencontré à la frontière azéro-géorgienne et avons passé la soirée ensemble à échanger les bons plans sur nos routes à venir et ainsi que les cartes qui ne nous sont plus nécessaires.
18h30 : Ginevra joue du violon et m'enseigne la musique du film Pulp Fiction sur le melodica de John.
19h : Fatima vient nous écouter jouer de la musique, elle me propose de rester travailler à bord du bateau avec elle et de ne pas descendre à Aktau, elle se plaint d'avoir trop de travail (chargée du nettoyage du bateau, de la laverie et du service lors des repas). Ils sont au moins une douzaine d'hommes d'équipage et nous sommes 8 passagers.
21h : Magnifique lumière et coucher de soleil sur Bakou. Toute la journée le bateau a fait des ronds dans l'eau... le vent n'est pas tombé.
8h00 : Ce matin les moteurs tournent, nous sommes enfin partis.
9h30 : Lecture sur le pont, une tasse de thé à la main, tranquille, air frais sous ciel nuageux, bercée par le mouvement du navire.
11h30 : Nous passons près de plateformes pétrolières, au loin on aperçoit une île... il paraît qu'il y en a une sur la Caspienne habitée seulement des employés de BP (British Petrolium) et de leur famille avec une école, ces magasins...
12h30 : Les deux passagers Azeri se plaignent parce que l'on parle trop pendant le repas, ils nous font comprendre que comme en Turquie, d'abord on mange, puis on parle.
13h : J'essaye d'écrire sur l'ordinateur, mais les roulements du bateau me donnent la nausée, je m'allonge sur le lit avec de la musique dans les oreilles.
14h : Rien à l'horizon, la mer seule...
15h30 : Je fais des aller-retour sur le ponton pour me dégourdir les jambes et m'étirer un peu, mais le soleil tape fort cet après-midi.
17h : L'ingénieur mécanicien du bateau et Ginevra joue en duo violon melodica.
21h : Il y a de l'orage ce soir, à quelques kilomètres à l'ouest, un grain ! Souvenir de la traversée Espagne/Sardaigne en voilier, nous faisions les quarts de nuits... On se sent moins vulnérable à bord du bateau cargo. Ouhaou c'est un vrai spectacle ! Des éclairs traversent tout l'horizon. J'endosse un kway et m'installe dans la nuit sur le banc du pont à regarder les raies de lumière transpercer le ciel. Impressionant, magnifique ! Le grain s'éloigne ou nous nous éloignons, il est derrière nous.
23h: En m'endormant je fais le compte des jours et calcule combien de temps nous aurons à disposition pour rejoindre la frontière ouzbek depuis Aktau. 552Km à parcourir, le visa ouzbek commence le 2 août et je me rappelle que nous pouvons rester maximum 15 jours au Kazakstan sans visa. Nous mettrons pied sur la terre kazak probablement le 18 juillet... juilllet a 31 jours...oups, nous devrons passer le poste frontière de sortie du territoire kazak le 1er août et nous pourrons entrer en Ouzbekistan seulement le 2... une nuit dans le nomanland entre les deux frontières est inévitable... Dans la précipitation, à l'annonce du départ d'un bateau, nous n'avons pas réalisé cela ! Nous sommes en fait très chanceux que le bateau ait un jour de retard, sinon c'était 1 jour et une nuit à attendre dans le désert sans point d'eau ni ravitaillement et peut-être sans ombre!
7h30 : Terre ! Terre ! Là où le soleil se lève, la côte kazak, on aperçoit une grande tour : Maika, l'usine de déssalinisation qui alimente en eau toute la région.
9h : Des immeubles à l'horizon annonce Aktau. Nous nous préparons à plonger dans une nouvelle culture, à découvrir un pays, c'est toujours un moment excitant ! Un tournant dans le voyage. A vélo on traverse des pays où on aurait jamais eu idée d'aller y passer des vacances, dont on ne connaît pas grand chose.
11h : Tiens les moteurs sont éteints... l'ancre à été jetée dans la baie d'Aktau en face du port... doit-on se préparer à une nouvelle nuit à bord ? C'est peut-être mieux que dans le désert à la frontière kazako-ouzbek ! Ici c'est grand luxe pour nous : douche à disposition, repas servis, électricité...
13 h : En attendant, nous nous amusons à prendre la place du capitaine dans la cabine de pilotage au milieu des écrans de radars, des jumelles, de boutons de toutes les couleurs et des téléphone radio pour parler avec la capitainerie.
16h : Le bateau bouge alors que Ginevra et John on entamé un petit concert pour tuer le temps et pour le plaisir de nos oreilles. Le navire attendait qu'une place se libère au port.
18h : Le bateau a accosté, une minette des douanes encadrée de deux militaires montent à bord. Nous devons patienter dans notre cabine.
19h : Ils nous posent tout un tas de questions, ils trouvent bizare que deux personnes de pays différents voyagent ensemble.
19h40 : Le tampon kazak trouve une place sur une page encore vierge de notre passeport. Au poste frontière attendent d'embarquer Juan et Daniela argentins, ils voyagent depuis 6 ans en auto-stop autour du monde, quel beau message le leur : « eliminar la frontera más peligrosa es la que nosotros mismos creamos e inspirar a otros a amar el mundo e perseguir sus sueños» (vous pouvez les suivre sur marcandoelpolo)
Un garde frontière lance le top départ : « 3, 2, 1... GO ! Bienvenue au Kazakstan !» la barrière se soulève, nous roulons sur le sol kazak !
Tiphaine