Karl, allemand, et Judith, espagnole, n’ont vraiment pas beaucoup de moyen. Et pourtant, eux aussi portent en avant leur projet : vivre en harmonie avec la nature et avec d’autres personnes au sein d‘une communauté la plus autosuffisante possible. Ils n’ont ni terrain, ni voiture, ni maison et ni travail fixe et maintenant que le petit Paul est arrivé la famille s’est agrandie. Malgré cela ils sont animés d’une grande volonté et, jour après jour leur rêve prend forme. Comme par enchantement, le destin est avec eux, un jour arrive que…
Un propriétaire de plusieurs hectares de terrain leur prête une petite vallée pour qu’ils puissent s’y installer. Amis et personnes contactés au travers d’une association d’aide réciproque arrivent de partout pour donner un coup de main afin de retaper une ruine qui deviendra leur demeure. Une synergie naît de tous ces projets voisins et un mécanisme invisible semble avoir déclenché une spirale d’évènements en perpétuelle progression.
Un peu de fantaisie, une pincée d’ingéniosité et des bocaux deviennent des verres, une vasque d’eau à l’ombre se transforme en frigidaire, du crottin de cheval mélangé à de la terre font les murs de la maison, des branchages de la forêt sont des clous de bois, les cactus du jardin une gélatine imperméabilisante pour les murs, des écorces de liège un égouttoir et une lunette de toilette, les figues du jardin pour le petit déjeuner et les rayons du soleil sur une parabole fournissent la chaleur pour préparer le thé et le café. Quand nous arrivons à Vale do Vento, Karl et Judith ont organisé un weekend « chantier participatif » pour pouvoir terminer le revêtement extérieur de la cuisine commune. Justement aujourd’hui, nous attendons Davide, Matteo, Justine et Chiara, des amis de Milan qui – coïncidence – sont de passage ici pour aller faire du surf à Sagres. Ils arrivent à l’heure du déjeuner avec du vin, du fromage et du miel de la région. C’est drôle de les voir dans ce contexte ! |
Tanja et Michael, Francine et Ferry, Karl et Judith, 3 couples, 3 situations économiques différentes, 3 types d’approche, 3 objectifs, un unique rêve. Vouloir est pouvoir, les paroles de William Hutchison Murray et Goethe synthétisent très bien ce concept : «Tant que nous ne nous engageons pas, le doute règne, la possibilité de se rétracter demeure et l’inefficacité prévaut toujours. En ce qui concerne tous les actes d’initiatives et de créativité, il est une vérité élémentaire dont l’ignorance a des incidences innombrables et fait avorter des projets splendides. Dès le moment où l’on s’engage pleinement, la providence se met également en marche. Pour nous aider, se mettent en œuvre toutes sortes de choses qui sinon n’auraient jamais eu lieu. Tout un enchaînement d’évènements, de situations et de décisions crée en notre faveur toutes sortes d’incidents imprévus, des rencontres et des aides matérielles que nous n’aurions jamais rêvé de rencontrer sur notre chemin… Tout ce que vous avez toujours voulu faire ou rêvé de faire, entreprenez-le. L’audace renferme en soi génie, pouvoir et magie.»
A mi-chemin, la chaleur se fait sentir et nous décidons de faire un plouf dans l’Atlantique. La plage est bondée. Pourquoi ? Ah oui, août, tout le monde est en vacances. Après un mois dans la campagne portugaise tranquille, ce chaos nous assomme.
Suants, les vêtements froissés et tout plein de terre, nous nous sentons comme des aliènes. L’envie de prendre une douche est intense et nous stimule à pédaler les dernier kilomètres qui nous séparent de Sagres. A neuf heures du soir, notre désir se matérialise. Tout propre nous nous mettons à table avec nos amis. Les braises sont chaudes, quelques minutes plus tard nos canines se plongent dans une succulente viande grillée.
Marco