Les journées de repos absolu sont terminées et il est maintenant temps de repartir, notre visa tadjik arrive bientôt à son terme, pouce levé et c'est partie ! La route que nous parcourons a été réouverte depuis quelques semaines seulement. Le miroir d'eau bleue turquoise reflète le paysage à l'envers mais des pointes de toits dépassant de la surface agrémentent le tableau. Les hommes qui nous ont pris en stop nous montrent une vidéo de l'éboulement qui a causé la fermeture de la route, un parmi tant d'autres dans cette zone privée d'arbre où donc rien ne retient la terre. C'est une scène apocaliptique qui semble tout droit sortie d'un film, c'est d'une telle puissance. Jeter un coup d'oeil ici :
A gauche il y a des masures, le groupe des cinq camions avec lesquels nous voyageons s'arrête. Dehors il fait un froid glacial et pourtant ils prennent avec eux leur serviette de bain, un rasoir et des savates. Une source d'eau chaude, voilà le mystère : et plouf dans l'eau ! Nous repartons et ils commencent alors à s'amuser comme s'ils étaient assis sur la selle d'un vélo et non sur le siège d'un énorme camion: ils se dépassent, se barrent la route à tour de rôle, en parrallèle ils se défient à qui sera le plus rapide, désormais les nuages de poussière et les nid-de-poules ne comptent plus. D'une manière ou d'une autre ils doivent bien tuer le temps pendant ces dix heures de conduites. La nuit est déjà tombée, à Murghab nous acceptons volontiers de dormir dans l'auberge des routiers. Je suis épuisé, je ne tiens plus sur mes pieds à la différence des ouïgours qui eux, se sentant comme à la maison, envahissent le salon, lancent un de leur DVD de musique et se déchaînent en excécutant des ballets folkloriques avec l'énergie de personnes fraîches et bien reposées. Une odeur de suie règne dans la pièce où nous dormons et mon lit est composé d'un planche de bois seulement sur une moitié, je remplis le trou avec des vêtements. Un câble électrique nu est manuellement déplacé pour allumer ou éteindre la lumière provoquant chaque fois une petite étincelle....frisson... pour 3€ la nuit nous ne pouvons pas nous plaindre.
Les camions poursuivent leur périple directement vers Kashgar, en Chine, via une frontière fermée à nous « touristes ». Nous, nous nous orientons vers le nord direction le Kirgizstan. La route est très très calme, autour de nous seulement des montagnes sans végétation et le village de Murghab au loin qui pointe comme une cathédrale dans le désert. « Une voiture ! Une voiture !... » je crie comme si j'avais à peine assisté à un miracle. Le porte-bagage sur le toit est vide et derrière il y a tout juste deux places de libres qui n'attendaient que nous. Le chauffeur à une tête d'asiatique et porte un étrange haut chapeau blanc, c'est un kirghize. Respirer devient difficile, les cimes sont enneigées et un léger mal de tête nous avvertit, nous y sommes, le point le plus haut de la Pamir Highway: 4 664 mètres, c'est la première fois que je me retrouve si haut les pieds touchant encore terre.
Marco