Contraste de l'Ouzbekistan, entre le désert, le fleuve Amou-daria et les cités de la route de la soie. Pour voir la video cliquer ici Le poste de douane Tadjikistan-Ouzbékistan est passé, après une fouille minutieuse de nos affaires - contenu de nos appareils photos et téléphones compris. Nous avons laissés Tiphaine et Marco hier matin qui partaient pour le Pamir, tandis que nous regagnions Douchanbé, capitale du Tadjikistan. Ce matin de bonne heure, nous sommes partis pour rejoindre la frontière puis Samarkand où nous reprenons l’avion la nuit prochaine pour Paris, via saint Petersburg. Dehors, la plaine d’Ouzbékistan est écrasée de soleil. Il est 10h30. Quelques arbres à l’horizon et les lampadaires, rien de plus. Un bidon d’eau perchée à quinze mètres de haut. Taxi trouvé et négocié, nous voici parti pour dix heures de route. Alors assise à l’arrière de la voiture, je prends mon carnet et j’écris sur le vif, les cahots rythmant mon écriture. L’Ouzbékistan c’est : Des coupoles bleues, les contrôles de police, la musique ouzbek des taxis, les femmes élégantes en penjâbi et fichu sur la tête-pas toujours-, les fanions et banderoles aux couleurs du drapeau ouzbek bleu turquoise, vert et blanc, surlignés de rouge. La conduite sportive mais respectant les piétons. Des arbres nombreux dans les villes et les villages, peints en blanc sur un mètre de haut. Des melons et pastèques énormes par camions entiers. Le coca-cola frais (oui, là aussi !). Le thé –tchaï- black or green. Les fleurs d’hibiscus et autres. Les pains en couronne, dorés, décorés et blanc à l’intérieur. Les vaches en liberté, y compris sur la route, des ânes attelés et chevauchés, des chevaux montés ou dans les champs, avec les charrettes. Les lions de céramique, fiers montant la garde sur leur piédestal. Des gouttières en zinc ouvragé. Des parcs dans les villes, agrémentés de matériel de fête foraine désuets. Une voiture portant le double de son volume de coton blanc sur le toit et dans le coffre ouvert. Ses sofas pour déjeuner, faire la sieste, siroter un thé, dormir. Les murs de terre crue avec des jeux de briques à visée décorative, les portails métalliques ou en bois ouvragés. Des champs de coton empoussiéré. Le chemin de fer et trains de nuit russes. Poteaux électriques, pylônes. Les files d’attente pour le plein de gaz ou d’essence - toutes les voitures ont les deux systèmes intégrés - les passagers doivent descendre à l’entrée de la station, où cas où cela exploserait. Des parapluies utilisés comme parasols ou ombrelles pour élégantes. Quelques dromadaires. Les samsas, petits pains fourrés de viande et d’oignons et herbes aromatiques, délicieux. Des tuyaux de gaz, marrons en campagne, jaunes en ville, créant des arches au-dessus des rues. Des rosiers et roses trémières, glaïeuls rouges. Les ruches en remorques spécialement conçues pour les déplacer aisément. Les écoliers tirés à quatre épingles. Les champs de millet et de vignes avec au milieu des cahutes suspendues sur pilotis pour faire la sieste à l’ombre. Ses marchés. Ses grandes étendues qui nourrissent l’âme à défaut de nourrir les chèvres. Moment de bonheur sur cette road-movie un peu folle dans le désert montagneux qui grimpe jusqu’à plus de 4000 mètres. Ses canyons créant une rangée de visages. Oui, le meilleur des conseils à écrire à Tiphaine : « Be happy. » Des cavaliers sur des chevaux superbement harnachés sur l’ancien itinéraire de la route de la soie : plus d’une trentaine croisée sur une dizaine de kilomètres. Des femmes au beau sourire. Une gentillesse, tranquillité, peu d’agressivité. Des collines et reliefs complétement dénudés-arborés autrefois ? Des grandes statues de Timur -Tamerlan-, d’Ulug Begh, mathématicien, astronome et homme d’état. Et depuis ce matin, me revient souvent : « Les instants qui ne sont pas vécus dans l’éternité sont du temps perdu. » C’est la phrase du jour lu quelque part sans en noter l’auteur ni la source. La phrase du jour ou d’une vie et je m’y emploie : bonheur, cœur léger, verticalité. Véhicules avec écrit en français « Parfumeries : ‘dans un jardin’ » au cœur de l’Ouzbékistan, camion « Jean Simon » immatriculé ici. Deux femmes assises au sol à l’ombre d’un abribus gardant leurs dindons. Un grand portail fermé sur le vide du sable et des stèles d’un cimetière sur fond de désert avec un vol de pigeons ramiers apportant la seule touche de couleur gris-blanc-noir sur fond ocre. Une remorque de ruches posée dans l’infini vide d’une étendue désertique : où sont les fleurs à butiner ? Un gamin de sept à huit ans marche sur les plots de béton qui sépare les 2x2 voies autoroutières et son père en bicyclette chargée de jerricans de chaque côté, essaye de passer entre les plots pour traverser les deux voies encombrées car nous arrivons à proximité d’une grande ville. Un camion à grande rallonge transporte deux immenses poteaux de béton creux : « De quoi se papaouter- vachement dangereux ! » commente Jean-Noël. Silhouette de berger - ou épouvantail ? -avec une grande cape bordeaux sur la tête et son troupeau de chèvres. Secousses du taxi lancé à 100 ou 120 km/h sur ces routes improbables. Le soleil décline, mais pas ma bonne humeur. La route défile depuis six heures entrecoupées de haltes forcées par les contrôles de police faisant payer des bakchichs au chauffeur- 1000 à 5000 sums à chaque fois. Nous faisons une halte déjeuner à 16h dans une tchaïkana et repartons. Des routes que l’on répare, élargie avec beaucoup de tronçons encailloutés. Des kilomètres de rouleaux de plastique bleu déployé sur la chaussée en ciment avant de l’asphalter sans goudron car celui-ci fond au soleil, 42° à l’ombre pendant notre séjour. Quelques instants plus tard : un bruit d’impact. Un cri : le mien ! Qui a jaillit avant que je n’en aie conscience. Je me tourne vers l’origine du bruit : c’est la vitre arrière gauche qui a volé en éclat, un gros trou au centre. Côté conducteur. Je suis à l’arrière, coté passager, je ne suis pas blessée, juste quelques morceaux de verre sur mon jean ! Tandis que le siège voisin est jonché d’éclats de verre et au milieu un morceau de granit avec une extrémité comme taillée en flèche. Le chauffeur s’est arrêté et fait tomber ce qui reste de la vitre. J’avais choisi le siège arrière coté passager pour ne pas être au soleil. Hasard ? Avertissement ou baraka ? Le caillou a été projeté par une voiture passant en sens inverse dans cette zone en travaux avec la réfection de l’autre voie. Assise la place à côté, c’était être défigurée ou tuée. Déploiement de la vie et de nos existences avec tous ces « imprévus » : ce mot ne tient aucun compte que chaque instant est nouveau et forcément imprévisible. Joie de rentrer chez nous le dimanche soir, saine et sauve, même avec une oreille encore gonflée par une piqûre de guêpe, les genoux endoloris par deux chutes dans le verger du fait de trous cachés sous les herbes hautes.
Lundi après-midi « …emergency…Marco… » Message audio sur mon téléphone en provenance du Texas. C’est une autre histoire, celle de la chute de Marco. Je viens de retranscrire les pages de mon journal de voyage. Nous sommes le 20 novembre. Une semaine après les attentats de Paris. Qui ont frappé les uns et pas les autres. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Et pas moi ? Pourquoi ce caillou m’a épargné ? Pourquoi celui-ci a-t-il reçu une balle chez lui, par la fenêtre ouverte ? Et tous les autres ? Ces « pourquoi » sont sans réponses et majorent notre souffrance en tournant en boucle. Comment faire face ? Comment transcender cette tristesse ? Comment … voilà les vrais questions. En continuant d’aller de l’avant le cœur ouvert, le sourire au lèvres : ce n’est pas de l’inconscience mais plus que jamais une nécessité. Alors bon vent aux voyageurs ! Marie-Félicie Après deux semaines de vacances avec les parents de Tiphaine en Ouzbekistan, nous repartons à vélo, nous avons l'impression de revivre le 1er jour du voyage. Notre corps est fainéant tout comme notre mental qui mainenant sont habitués à avoir un toit sur la tête chaque soir, un matela confortable, déjeuner et dîner au restaurant, énergie électrique, eau et douche à volonté. Comme toujours, la reprise après les vacances est difficile...ahhaah ! Les vélos sous nos fesses, les paysages qui défilent, c'est le retour des « atkudà » (D'où venez-vous?) et des « halio» (« hello » prononciation ouzbek) à répétition. Serait-ce un pressentiment, mais aujourd'hui mon envie de communiquer est égale à zéro, je veux rester dans mon monde, je montre un sourire forcé et tire mon corps en avant tête baissée pour esquiver les regards des autres. Fruu, fruu, fruu fait ma roue arrière alors que je pédale. Bruit insolite, mieux vaut s'arrêter. Je détache une sacohe et oh surprise ! La bonne nouvelle est que j'ai identifié le problème, la mauvaise est que je ne peux plus pédaler : le cadre s'est cassé au niveau de l'attache du porte-bagage. Le problème devient la solution. A peine le temps de lever le pouce, un véhicule s'arrête, il va à Guzor, le prochain village à 20km. Nous expliquons la situation, il ne se décourage pas, il a un ami carrossier, il nous emmene le voir. Deux, trois points de soudure et le cadre est plus robuste que jamais. Problème, solution, fantastique ! Le jeune conducteur veut absolument que l'on vienne dîner chez lui et vue l'heure, il propose aussi de nous héberger (que demander de plus?). Sur la nappe (pas la table car ils mangent par terre), abondent les fruits frais et les friandises, c'est la meilleure période, ils sont délicieux. Un énorme plov suivi d'un second plat à base de pomme de terre et de viande, c'est la tradition, au moins deux plats principaux quand il y a des invités, nous ne pouvons pas refuser, mais arrive le moment où la nourriture nous sort par les oreilles. Matelas de coton étendus par terre et nous dormons comme des bébés. Nous rejoignons les parents de Tiph pour une dernière semaine de vacances ensemble, eux avancent en train et voiture, nous pour arriver à temps nous pédalons et embarquons parfois les vélos sur les camions. L'un d'eux porte des sacs de farine en provenance de la Russie, dans les montées il est presque à l'arrêt tiré en arrière par son poids. Allongés, de l'habitacle, nous observons les montagnes sans arbres, le paysage semble parfois lunaire ! Et voilà, ils nous débarquent à Denov, une ville qui semble la plus chaotique de tout le pays vue la foule de gens et de voitures qui surgissent et grouillent dans tous les sens, mais sommes-nous déjà arrivés en Asie du sud-est ? Vite,vite, nous nous échapons rapidement ! Nous ne sommes plus habitués à tant de vacarme ! A une barrière de contrôle nous appercevons deux cyclotouristes arrêtés. Sur la route des personnes nous avait signalé leur présence. Ils sont allemands, tous les deux 28 ans, le même vélo, chacun un pneu de rechange à l'arrière, les cheveux blonds, et tous les deux un beau sourire accroché à leur visage : Léonie et Philipp. Nous allons dans la même direction, c'est parti tous les 4 vers Dushanbe, 90km plus loin ! Au tour de Tiphaine pour commencer : la jeune femme de la douane examine chaque objet, chaque sacoche, mais lorsqu'elle commence à éparpiller avec négligence tous nos médicaments (que nous avions méticuleusement organisés par catégorie pour pouvoir les retrouver plus facilement) sur la table, la moutarde me monte au nez. J'en ai rien a faire qu'elle soit représentente de l'autorité ou pas, j'interviens lui ordonnant de faire bien son travail ! Ok elle peut controler, mais un peu de respect ! Elle hoche la tete et en finit rapidement avec Tiphaine. Puis est venu le moment d'espionner ces touristes, ils passent en revu un à un nos appareils photos, téléphones et même ordinateurs. Vue la situation, lorsqu'arrive mon tour j'enlève les cartes SD leur laissant seulement la dizaine de photos enregistrées sur l'appareil photo.
Enfin, nous sortons d'Ouzbekistan, un panneau indiquant 7% de dénivelé préannonce l'âme de montagnard du nouveau pays entrant : nous sommes au Tadjikistan (93% du territoire est constitué de montagnes). Adieu immenses étendues plates, devant nous le Pamir, le toit du monde. Marco Dans la nuit du 15 août 2015, mon cœur fait un bon, j'entends des voies familières qui viennent de la rue, le bruit d'une valise qui roule. Je suis si heureuse, ils sont arrivés ! Voilà plusieurs mois on s'était dit à bientôt pour un thé à Samarcande. Mais à ce moment là nous n'avions même pas encore notre visa ouzbek, une mer et plus de 1500km nous séparaient encore du lieu de rendez-vous. Un dernier obstacle hier, l'hôtel ne voulait pas nous accepter car nos papiers n'étaient pas en règle (dans ce pays, les touristes doivent s'enregistrer tous les trois jours en dormant dans un hôtel, chose difficilement immaginable pour qui voyage à vélo)....des militaires ont débarqués, j'ai eu peur que les retrouvailles se fasse au service d'enregistrement ouzbek... mais notre voyage à vélo est un véritable laisser-passer, le temps d'un réçit et tout est rentré dans l'ordre. J'ouvre la porte, regarde à droite : rien... A gauche : ils sont là ! Une vague de bonheur me traverse, je serre enfin mes parents dans mes bras. 3 semaines de vacances commencent : Samarcande et son Registan, Nukus et son musée d'art dont la collection de Savitsky, Khiva et son minaret inachevé, Boukara et ces madrassas.... Mes parents sont des voyageurs, je n'ai pas de doute quant à leur capacité d'adaptation, on leur a donc réservé aussi quelques petites surprises hors des sentiers batus. Nous les emmenons à Qipchoq au bord de l'Amudaria ou nous sommes passés il y a 15 jours en vélo. Nous venions de sortir du désert et devant nous est apparu ce large fleuve ou des hommes se baignaient au soleil couchant. Nous avons posé les vélos et plongé pour retirer la couche de sueur et poussière qui nous recouvrait. Bien entendu, pour respecter les moeurs des locaux, je suis entrée dans l'eau tout habillée (lavage des habits automatique), mais quand je suis ressortie ils ont tous rigolé...ma chemise brûlée par le soleil du désert s'est déchirée de haut en bas dans le dos sous le poids de l'eau... Un groupe d'amis nous ont ensuite proposé d'aller déguster du poisson avec eux. Nous avons traversé le fleuve sur un pont flottant constitué de barge, puis ils nous ont fait découvrir cet endroit magique où l'on vous serre du poisson frit à n'en plus finir et du thé à l'eau de l'Amudaria sur des petits bateaux rafistolés où ont été installés les traditionnels tables basses, matelas de coton et coussins. Le festin terminé on nous a installé une « moustiquaire ouzbek » là même où nous avions mangé, atmosphère féerique, nuit de rêve sur le fleuve. Lorsque nous y sommes retournés avec Papa et Maman, les propriétaires du restaurant nous ont même offert un tour en bateau...qui a failli finir avec tout le monde à l'eau, mais le capitaine n'a pas perdu son sang froid lorsque nous avons entendu « blupblupblup » et il nous a ramener sur la terre ferme à bord de son vaisseau digne d'un film de James Bond des années 60. Pour parcourir les longues distances ouzbeks, il paraît que le train de nuit est plus confortable que parcourir les mauvaises routes (les touristes en général prennent l'avion d'une ville à l'autre...pas très drôle). On nous a vendu des billets de première classe, car à ce qu'on a compris (grâce au livret de vocabulaire russe donné par mon grand-père) le reste est complet. Mes parents sont plutôt contents, ils pensent à leur vieux os. Mais lorsque nous entrons dans notre compartiment, Papa et Marco on l'impression qu'on s'est fait avoir. Des étudiants parlant bien anglais nous aide à éclaircir la situation...il s'agit bien de la première classe... le train date de l'ère soviétique. Néanmoins nous apprécions la propreté des compartiments, la solidité des matériaux avec lesquels ils sont faits et le mytique et immanquable samovar à l'entrée de chaque wagon. Nous nous rendons au restaurant, où l'on nous sert un vrai repas, loin des ridicules portions de la sncf aux prix exorbitants. Au final, je dors comme un bébé bercée par les mouvements du train qui glisse dans la nuit sur les plateaux désertiques. A Samarcande nous assistons par hasard à une répétition de concert dans une mosquée, les hommes jouent des instruments traditionnels ouzbeks et ils chantent en alternance avec les femmes, elles ont des voies impressionemment puissantes qui donnent des frissons. A Khiva, nous logeons au B&B Muros qui a toute une histoire (à lire «A Carpet Ride to Khiva: Seven Years on the Silk Road » de Christopher Aslan Alexander) et surtout une terrasse sur le toit avec vue imprenable sur l'ancienne ville ou nous nous retrouvons les soirs pour l'apérétif au coucher du soleil qui colore de rose les maisons en terre et les minarets aux pierres turquoises. A Boukara, Papa et Maman font leur première expérience couchsurfing pour une nuit, leur expérience de médecin est bien apréciée par notre hôte qui s'inquiète pour sa maman. Dans une ambiance de comte oriental de l'hôtel Amulette réalisé dans une ancienne madrassa, Papa et Maman nous initient à la méditation et au yoga pour assouplir notre corps rigide de cycliste. Après tous ces jours de confort bien appréciés, il est temps de réveiller nos petits vélos et reprendre la route. La fin de l'été approche, nous partons pour le Tadjikistan afin de pouvoir passer les cols à plus de 4000m d'altitude avant les premières neiges. Nous pédalons et levons le pouce afin de nous retrouver à Doushanbe pour une dernière semaines de vacances en famille.
Tiphaine 4h du matin, nous entrons en Ouzbekistan. A la frontière personne ne dort, ceux qui changent l'argent nous accaparent près à faire une bonne affaire avec les touristes que nous sommes. Côté Kazakstan on a senti qu'un truc ne tournait pas rond lorsque les camioneurs nous ont informé d'un taux à 4700sum pour 1€ alors que le taux officiel est à 2800sum. La monnaie ouzbek aurait-elle perdu de sa valeur ces derniers jours ? On nous propose d'échanger à 2800sum...on tente 5000sum, affaire conclu à 4700sum ! C'est fou ! Et voilà qu'ils sortent des énormes liasses de coupures de 1000sum : pour 50€ 235 billets ! ... ça ne loge pas dans le porte-monnaie, il nous faudrait une sacoche de plus sur le vélo rien que pour transporter notre butin. Nous en mettons partout ou nous avons de la place. A Nukus, quelqu'un nous expliquera que le sum ne suit pas le cours de la bourse, le taux de change officiel est maintenu fixe par le gouvernement ouzbek afin d'éviter que sa monnaie soit dévaluée dans les échanges avec les autres pays. Mais au black market tout le monde connait la valeur du sum et les dollars et euros s'achètent chers, tant mieux pour nous ! Il reste juste à ne pas nous faire rouler lorsque nous échangeons et qu'il faut alors compter les billets un par un tout en surveillant qu'un policier ne surgisse pas car il aurait alors le droit de nous arrêter. Le désert ouzbek est ennuyeux, la route cabossée et un vent de face nous convainquent de faire du stop. Les camions sont plombés, mais nous avons une idée : nous pouvons suspendre les vélos entre la cabine et la remorque. « N'y-a-t-il pas le risque de retrouver une carpette de vélos tout à l'heure ? », le chauffeur russe nous rassure : « pas de problème, la route est toute plate et toute droite pour 300km. Et c'est partie pour 5h de musique russe ! Il nous laisse aux abords de Nukus. Après plusieurs semaines dans le désert et la steppe, à compter les gorgées d'eau, le spectacle qui s'offre à nos yeux est un paradis : des arbres, des rizières, des champs de coton, partout des canaux, de l'eau à n'en plus finir, l'impressionant fleuve Amudaria... on a du mal à imaginer que pas une seule goutte n'arrive à la mer d'Aral à 400km au nord d'ici. Les kazaks nous ont dit : l'Ouzbekistan est un pays pauvre. Oui, pauvre peut-être car ils n'ont pas beaucoup d'argent et que celle-ci ne vaut pas grand chose par rapport à celle des autres pays, mais il est tellement riche par nature. Jamais nous n'avons vu autant de fruits et de légumes, les abres croulent sous leur poids, les bazars débordent de nourriture, les maisons sont toutes recouvertes de vignes qui donnent un raisin doux et sucré. Chaque famille possède au moins une vache qu'ils traient matin et soir et des poules pour leur œufs, ici on ne meurt pas de faim ! Oui, ils n'ont pas internet chez eux et même en ville nous avons du mal à trouver un wifi. Mais chercher un couchsurfeur ou un warmshower pour nous héberger n'est pas nécessaire en Ouzbekistan. Notre premier soir dans ce nouveau pays, une jeune fille s'avance vers nous et dans un parfait anglais elle nous demande : « Qu'avez-vous prévu ce soir ? Accepteriez-vous de venir chez moi ? » Notre séjour ouzbek commence bien. Mais les ouzbeks sont ainsi, ils n'ont pas besoin des réseaux sociaux pour communiquer et inviter des étrangers chez eux ; nous sommes même surpris par leur manque de méfiance. Oui, ils n'ont pas de maison moderne et pas beaucoup de mobilier. Mais les leurs sont de bons exemples d'habitations éco-construites et auto-construites. Ils préparent eux-mêmes le torchis et les briques en terre crue (qu'ils font à la main ou avec une machine très simple), ils n'ont donc pas besoin de s'endetter pendant des années ou de posséder d'énormes sommes d'argent pour avoir un toit sur leur tête ! Nous passons beaucoup de temps à observer leurs techniques de construction et à leur poser des questions, nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Les grandes pièces vides des maisons, aux sols recouverts de tapis sont très accueillantes. Le nombre d'invité n'est pas limité au nombre de chaise ou de lit. Il y a toujours une grande pile de petits matelas de coton au fond de la pièce, qu'ils confectionnent eux-mêmes, près à être dépliés à même le sol pour les nouveaux venus. Parfois il n'y a même pas de table basse, ils mettent la nappe directement par-terre avec les matelas autour et des coussins pour s'installer pour le repas. A nous, ils donnent des cuillères, mais traditionnellement le plov, plat national, se mange avec les mains et tous dans le même plat. On se fait bien des problèmes, nous occidentaux, avec toutes nos assiettes, nos couverts et nos verres... Oui, ils n'ont pas tous une voiture. Nous sommes heureux de retrouver des compagnons de route. Il y a bien longtemps qu'on n'avait pas vu autant de vélos. Nos quatre sacoches font bien ridicule face à leur chargement incroyable de foins, bombones de gaz, sacs de riz... et en plus ils n'ont pas de vitesse ! Les plus fort sont les ânes ouzbeks, ils sont tout petits mais tellement robustes ! Et oui même pendant la récolte du coton où il y a des pénuries d'essence et de gaz,ils peuvent toujours se déplacer. L'unique déception est lorsqu'une de nos hôtes nous explique qu'elle ne peut pas faire du vélo car c'est très mal vue pour les femmes, les jeunes filles ça passe encore mais pas les femmes... olalala le poids de la société, des traditions, du regard des autres... Le covoiturage sans blablacar, ça existe. Ici, à peine quelqu'un attend au bord de la route que les voitures s'arrêtent pour demander où la personne veut aller et proposer un prix, ils marchandent toujours un peu et c'est partie. Dans les grandes villes, il y a toujours un lieu pour chaque destination où les voitures attendent d'être pleine avant de prendre la route, simple et efficace. Avec un peu d'organisation et d'intelligence on va partout même si on n'a pas de véhicule privé et qu'il n'y a pas de transport publique.
Ils ont un savoir faire incroyable, pour l'agriculture, la construction, la mécanique, la couture (les femmes font toutes elles-mêmes leurs vêtements et ils sont magnifiques). Les ouzbeks sont riches d'idées, ils nous ont inspirés. Tiphaine |
AuteursMarco + Tiphaine: VideonewsletterSUIVES NOUS SUR
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Janvier 2018
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