Tiphaine
Dans la nuit du 15 août 2015, mon cœur fait un bon, j'entends des voies familières qui viennent de la rue, le bruit d'une valise qui roule. Je suis si heureuse, ils sont arrivés ! Voilà plusieurs mois on s'était dit à bientôt pour un thé à Samarcande. Mais à ce moment là nous n'avions même pas encore notre visa ouzbek, une mer et plus de 1500km nous séparaient encore du lieu de rendez-vous. Un dernier obstacle hier, l'hôtel ne voulait pas nous accepter car nos papiers n'étaient pas en règle (dans ce pays, les touristes doivent s'enregistrer tous les trois jours en dormant dans un hôtel, chose difficilement immaginable pour qui voyage à vélo)....des militaires ont débarqués, j'ai eu peur que les retrouvailles se fasse au service d'enregistrement ouzbek... mais notre voyage à vélo est un véritable laisser-passer, le temps d'un réçit et tout est rentré dans l'ordre. J'ouvre la porte, regarde à droite : rien... A gauche : ils sont là ! Une vague de bonheur me traverse, je serre enfin mes parents dans mes bras. 3 semaines de vacances commencent : Samarcande et son Registan, Nukus et son musée d'art dont la collection de Savitsky, Khiva et son minaret inachevé, Boukara et ces madrassas.... Mes parents sont des voyageurs, je n'ai pas de doute quant à leur capacité d'adaptation, on leur a donc réservé aussi quelques petites surprises hors des sentiers batus. Nous les emmenons à Qipchoq au bord de l'Amudaria ou nous sommes passés il y a 15 jours en vélo. Nous venions de sortir du désert et devant nous est apparu ce large fleuve ou des hommes se baignaient au soleil couchant. Nous avons posé les vélos et plongé pour retirer la couche de sueur et poussière qui nous recouvrait. Bien entendu, pour respecter les moeurs des locaux, je suis entrée dans l'eau tout habillée (lavage des habits automatique), mais quand je suis ressortie ils ont tous rigolé...ma chemise brûlée par le soleil du désert s'est déchirée de haut en bas dans le dos sous le poids de l'eau... Un groupe d'amis nous ont ensuite proposé d'aller déguster du poisson avec eux. Nous avons traversé le fleuve sur un pont flottant constitué de barge, puis ils nous ont fait découvrir cet endroit magique où l'on vous serre du poisson frit à n'en plus finir et du thé à l'eau de l'Amudaria sur des petits bateaux rafistolés où ont été installés les traditionnels tables basses, matelas de coton et coussins. Le festin terminé on nous a installé une « moustiquaire ouzbek » là même où nous avions mangé, atmosphère féerique, nuit de rêve sur le fleuve. Lorsque nous y sommes retournés avec Papa et Maman, les propriétaires du restaurant nous ont même offert un tour en bateau...qui a failli finir avec tout le monde à l'eau, mais le capitaine n'a pas perdu son sang froid lorsque nous avons entendu « blupblupblup » et il nous a ramener sur la terre ferme à bord de son vaisseau digne d'un film de James Bond des années 60. Pour parcourir les longues distances ouzbeks, il paraît que le train de nuit est plus confortable que parcourir les mauvaises routes (les touristes en général prennent l'avion d'une ville à l'autre...pas très drôle). On nous a vendu des billets de première classe, car à ce qu'on a compris (grâce au livret de vocabulaire russe donné par mon grand-père) le reste est complet. Mes parents sont plutôt contents, ils pensent à leur vieux os. Mais lorsque nous entrons dans notre compartiment, Papa et Marco on l'impression qu'on s'est fait avoir. Des étudiants parlant bien anglais nous aide à éclaircir la situation...il s'agit bien de la première classe... le train date de l'ère soviétique. Néanmoins nous apprécions la propreté des compartiments, la solidité des matériaux avec lesquels ils sont faits et le mytique et immanquable samovar à l'entrée de chaque wagon. Nous nous rendons au restaurant, où l'on nous sert un vrai repas, loin des ridicules portions de la sncf aux prix exorbitants. Au final, je dors comme un bébé bercée par les mouvements du train qui glisse dans la nuit sur les plateaux désertiques. A Samarcande nous assistons par hasard à une répétition de concert dans une mosquée, les hommes jouent des instruments traditionnels ouzbeks et ils chantent en alternance avec les femmes, elles ont des voies impressionemment puissantes qui donnent des frissons. A Khiva, nous logeons au B&B Muros qui a toute une histoire (à lire «A Carpet Ride to Khiva: Seven Years on the Silk Road » de Christopher Aslan Alexander) et surtout une terrasse sur le toit avec vue imprenable sur l'ancienne ville ou nous nous retrouvons les soirs pour l'apérétif au coucher du soleil qui colore de rose les maisons en terre et les minarets aux pierres turquoises. A Boukara, Papa et Maman font leur première expérience couchsurfing pour une nuit, leur expérience de médecin est bien apréciée par notre hôte qui s'inquiète pour sa maman. Dans une ambiance de comte oriental de l'hôtel Amulette réalisé dans une ancienne madrassa, Papa et Maman nous initient à la méditation et au yoga pour assouplir notre corps rigide de cycliste. Après tous ces jours de confort bien appréciés, il est temps de réveiller nos petits vélos et reprendre la route. La fin de l'été approche, nous partons pour le Tadjikistan afin de pouvoir passer les cols à plus de 4000m d'altitude avant les premières neiges. Nous pédalons et levons le pouce afin de nous retrouver à Doushanbe pour une dernière semaines de vacances en famille.
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Janvier 2018
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