La vallée de Ihlara
La vallée de Ihlara est sans aucun doute celle qui nous a le plus plu. Nous avons laissé les vélos le temps d'une journée et nous avons parcouru les 15km à pied en suivant la rivière au fond de la vallée.
Autrefois il falait penser à comment se défendre des animaux sauvages et des intempéries qui constituaient une réelle menace. Peu à peu, au travers des siècles, l'instint de l'homme primitif a laissé place à d'autres dynamiques mentales et bien qu'aujourd'hui se soient dévelloppées toutes les techniques et technologies nécessaires afin que cela ne constitue plus un danger, l'homme continue encore à se défendre de quelque chose : de lui-même. Serrures, portes blindées, coffre-forts, antivols, armes de destruction massive... de petite à grande échelle, on invente de tout pour se dominer les uns les autres.
Nous descendons dans une étroite galerie à 65 mètres de profondeur. D'énormes pierres circulaires peuvent être déplacées pour bloquer les entrées et des meurtrières de l'autre côté servent à tuer les ennemis. Entrées secrètes, couloirs étroits pour rendre l'accès difficile, conduite d'air, trous pour espionner dans les pièces voisines, pièces de stockage des aliments pour résister pendant plusieurs mois, un confessional, lieux de prière et espaces dédiés à la production de vin pour calmer le stress et la peur des autres. Nous sommes à Derenkuyu, une des sept merveilles de la Cappadoce, et ici l'être humain a eu une idée bien originale. Une immense ville souterraine a été creusée au burin, le dernier niveau atteint les 85 mètres de profondeur ; elle servait à accueillir les 20 000 habitants de la ville pour échapper à l'attaque des « ennemis ». Les ennemis, les ennemis... hommes qui se protègent des hommes... nous passons le temps à se défendre de nous-mêmes... cela me laisse pensif !